Les tricoteuses de métal n°2

Contes et légendes: La princesse d'Asturie

Voici une histoire qui fut racontée il y a bien longtemps au coin d'un feu oublié depuis...

Aunurb Nurbel est le conteur du village; la petite Shabina est venue une fois de plus lui demander une histoire...

Aunurb: Il y a fort longtemps, dans le royaume d'Asturie, vivait une belle princesse. Seul problème, comme c'était la princesse, aucun des garçons de son royaume n'osait la courtiser. Et vu qu'elle était timide et qu'en plus c'était inconvenant, elle n'essayait pas non plus. Bref, elle était toute seule et malheureuse. Généralement quand des hommes d'un autre royaume s'approchaient, ils étaient bien trop occupés à guerroyer avec ceux de son royaume pour faire attention à elle, et en plus ils ne pouvaient même pas s'approcher...
Shabina : Oh là là, je sens que ça va être triste.
- Ben oui, désespérée elle se suicide en sautant de son balcon. Mais comme à l'époque on ne construisait pas haut, elle atterrit délicatement dans une carriole de paille qui passait. Mais se cognant tout de même la tête, elle tombe évanouie. C'est donc inconsciente qu'elle est emmenée à l'insue de tous hors de sa ville...
- ouhhh
- Oui. En plus des maraudeurs tuent le charretier, et emportent le chariot pour en faire un véhicule de guerre. Mais, elle reste non découverte, car inconsciente, et cachée dans le foin avec le soleil pour témoin.
- Ma foi, c'est déjà bien un témoin, non ?
- Mouaif, sauf qu'à part lui donner des coups de soleil, il ne fait pas grand chose pour elle.
- Mais c'est pour essayer de la réveiller.
- Ben c'est raté. La chaleur l'assomme encore plus. Quand elle se réveille, il fait nuit, mais plus frais. Elle ignore où elle est, mais comme elle voulait se suicider, elle pense être arrivée aux enfers finalement. Assez peu pressée, tout de même, elle évite de se diriger vers le feu de camp et les hommes entonnant des chansons pires que grivoises. Elle s'enfonce donc dans la forêt toute proche. Ses coups de soleil, lui tirent la peau dès qu'elle bouge. L'ombre des arbres dans la nuit l'inquiète cependant un peu. Des légendes inquiétantes lui reviennent. Mais maintenant elle ne sait plus comment retourner près du feu et des hommes.
- Ah voilà, il ne manquait plus que ça, tiens
- Elle court un peu partout, affolée par le bruit des animaux nocturnes, et finit par se prendre un arbre et tomber dans les pommes. Elle serait un peu sorti de son palais avant, elle aurait reconnu le bruit des sabots de biches, et les cris de jolies chouettes et hiboux. Enfin bref, elle finit la nuit dans les pommes. (C'est un pommier qu'elle a cogné)
- Hi hi hi ! Et donc...
- Et bien le lendemain matin, elle se réveille avec un bon mal au crâne, et deux bosses. Et prend des pommes à son petit déjeuner. Et pas qu'un peu, ça faisait un bail qu'elle n'avait pas mangé ! Ben oui, à force d'être assommée, hein.
- Oh là là...
- Donc elle se goinfre sans penser à sa ligne. Puis reprend son chemin dans les bois ensoleillés. Au bout d'un moment, elle croise un chemin, que finalement elle emprunte pour arriver dans une clairière où se trouve une vieille cabane branlante en bois (rien de cochon là dedans)...
- Est ce que j'ai dit quelque chose moua ???
- Nan nan, mais on ne sait jamais. Or donc, elle s'approche du tas de planches un peu inquiète, mais comme il fait jour, elle arrive à trouver du courage.
Elle pousse la planch...porte, et voit à l'intérieur un vieil homme malade et mourant. Mais ça elle ne le sait pas, car elle n'a jamais vu de gens malades dans son palais.
- La malheureuse ! Ca va lui faire un choc !
- Ben en fait pas trop, déjà, elle se croit morte, et est encore en état de choc, et en plus ne comprend pas ce qui se passe.Mais comme elle comprend certaines règles de savoir vivre, elle donne à boire au vieillard qui réclame, car bien que princesse, elle est quand même "chez lui", sans avoir été invitée. Et en plus aucun serviteur ne répond quand elle appelle...
Comme il la trouve gentille, il lui confie un miroir magique et lui dit qu'elle peut regagner le monde des vivants en suivant le chemin. Et là, il meure. Elle lui pose tout plein de questions, essaye de le réveiller, mais il ne répond vraiment pas. Elle n'apprécie pas la plaisanterie, et le laisse en plan. Prenant à nouveau le chemin qu'elle avait suivi pour le trouver (mais en sens inverse)...
- Logique tout ça.
- Oui, tout à fait, elle emprunte donc le chemin, mais il est plutôt long, et le soir approchant, elle se décide à grimper dans un arbre, pour ne pas être embêtée par les bestioles. Elle pique un bon somme après avoir mangé; elle avait piqué de la nourriture dans la baraque du vieux, après lui avoir demandé si elle pouvait, et comme qui ne dit mot consent… Elle est réveillée en sursaut peu avant l'aube par un grand duc qui se pose près d'elle, et tombe de l'arbre avant de s'enfuir en courant. C'est donc aux premiers rayons du soleil, qu'elle sort plutôt essoufflée, frigorifiée et apeurée de la forêt. Elle a enfin regagné le monde des vivants, pense t'elle, car elle aperçoit non loin un village. Elle remet de l'ordre dans sa tenue et sa coiffure; enlève des branches et des feuilles mortes; et se sert du miroir magique pour se remaquiller correctement (elle emporte toujours ce qu'il faut pour ça). Elle est donc enfin présentable pour aller au village...
- Et donc...
- Ben elle y va, en faisant attention à ce que le vent ne défasse pas sa mise en plis.
- Ouarf !
- Ah ben c'est une dame tout de même.
- Faut pas exagérer non plus
- Mais c'est une princesse en plus.
- Même
- Enfin donc, elle arrive au village, et là, personne ne la reconnaît. Mais alors pas du tout. Elle est plus qu'étonnée. Le fils du chef du village, voyant une belle poulette qu'il ne connaissait pas, attaque d'entrée.
- Ouh là !
- Oui, mais il a un bon fond, et finalement, son amour est sincère. Faut dire, elle est cultivée, bien foutue, et on oublie vite son bout de nez un petit peu trop long. Bref sous le charme le gars! Et elle, n'est pas insensible non plus. (Collection arlequin tout un monde d'évasion...)
- Oui on dirait bien...
- Sauf qu'ils ne se l'avouent pas, ces fripons. Vu qu'elle, c'est visiblement une fille de la haute, donc lui hésite plus qu'un peu. Et lui, c'est bien un fils de chef, mais de patelin, ça ne serait pas bien. Enfin, elle lui explique son cas, et il accepte de la raccompagner à son palais... - Ouh là
- Il la pose sur le dos de sa mule, et prends la route vers le palais. Il a pris la fourche qu'il tient du grand père de son grand père, contre les hasards de la route.Ils avancent tranquillement sur ce petit chemin qui sent la noisette. Quand, tout à coup, ils tombent nez à nez avec des loups. Le garçon empoigne sa fourche, et la fait tournoyer puis en menace les loups, ce qui les fait fuir. En fait en cette saison, ils sont gavés, et n'auraient donc pas attaqué.Mais ça, il n'y a que lui qui le savait. La princesse est toute abasourdie devant le courage du jeune homme.
- C'est beau ça.
- Oui, n'est il pas ?
- Oui
- Ils poursuivent leur chemin, et la nuit venant, ils dorment tous les deux sous la même couverture pour ne pas avoir froid (surtout elle qui à les pieds, les mains et le bout du nez gelés.
- La pooovre
- Elle apprécie son compagnon à sa juste valeur de bouillotte, et dort d'une traite avec les petons au chaud. Lui à nettement plus de mal à s'endormir, par contre... Quand le soleil se lève, ils prennent un bon petit déjeuner, et se remettent en route.
- Ben pourquoi il a eu du mal ?
- C'est un garçon, et avec une superbe jeune femme contre lui, dormir n'était pas vraiment la première idée lui venant en tête. Donc disais je, ils reprennent la route. Mais ils n'ont pas parcouru une dizaine de lieues qu'ils rencontrent des loups autrement plus dangereux que les premiers; ceux là marchent sur deux pattes. N'écoutant que son courage, il claque les fesses de la mule pour qu'elle emporte la princesse en sécurité, et il s'apprête à affronter seul les bandits avec sa fourche.
- hoooooohhhh
- Ouaip. Courageux le petit gars. Mais la mule têtue et ronchonne, lui donne une paire de coups de sabots dans le dos, l'envoyant au pied des bandits qui l'achèvent. La mule part en courant, non sans avoir laissé la princesse à terre. Les bandits rigolent très fort...
- Ah tout de même
- Oui. Comme ils n'ont pas un sens très développé de la hiérarchie, ils se battent pour savoir lequel va abuser d'elle en premier. Cette bécasse un peu sonnée, ne comprend rien à rien, et ne cherche même pas à s'enfuir. De nombreux bandits tombent à terre morts ou inconscients, pour que finalement seul l'un d'entre eux reste debout. Il est énorme; hirsute taché (entre autre) du sang de ses anciens compagnons; sa peau graisseuse luit au soleil, et sa barbe contient les restes de ses repas depuis sa puberté. Il attrape la malheureuse qui commence (mais un peu tard) à s'inquiéter, et la force à se mettre à quatre pattes en lui tournant le dos. Son odeur forte donne des nausées à la jeune fille, et elle ne voit pas comment elle pourra servir de monture à un homme pareil...
- Ouarf ! de monture !!!
- C'est ce qu'elle croit, hein. Enfin elle est bien soulagée, quand il se contente de soulever sa robe. "Ouf c'est déjà ça" se dit elle. Mais là, brutalement, elle ressent une forte douleur dans tout le dos alors que son bourreau s'affaisse sur elle en soufflant bavant et râlant, l'écrasant de tout son poids. Il se crispe, et dans une dernière secousse, tombe raide mort à son côté; une fourche enfoncée dans le dos. Son jeune sauveur est bien mal en point, mais finalement encore vivant, avant de tomber évanoui...
- Oh alors là fastoche hein.
- Avec une jambe cassée l'autre déboîtée, et le crâne en compote ! Dis lui en face qu'il rigole !
- Mah non c'est pas crédible pour un sou
- Ben pourtant, il y est arrivé. Bon ok, un autre bandit qui était juste sonné le décapite pour être sur, et emporte la fille sur son épaule pour être tranquille. Elle l'assure qu'elle va bien et peut marcher.
- Qu'elle bêtasse vraiment.
- Ben belle et riche, elle ne peut pas tout avoir non plus, hein. Où en étais je, ah oui, le bandit l'emporte dans les sous bois, et ce maladroit lui cogne la tête déjà pas tellement remplie une fois de plus. Le bandit, pas dérouté pour autant l'allonge inconsciente sur la mousse, et tourne la tête en entendant un grognement. Un mammifère plantigrade de l'ordre des ursidés le regarde de ses petits yeux noirs. Le gars pas cultivé se contente de reconnaître un ours, et s'enfuit à toutes jambes. Devant cette réaction, l'animal se dit : "si ça fuit, c'est de la nourriture". Il le rattrape donc, le boulotte et reprend son chemin solitaire...
Elle se réveille un peu plus tard, en se demandant quand on inventera l'aspirine car elle a franchement mal au crâne à force d'en prendre plein la tête.
- Hi ! hi ! hi !
- Ben oui, tout de même, la pauvre.
- Et donc...

- Ben elle se relève (après s'être cognée dans une branche basse), titube un peu, et se retrouve sur la route sans trop savoir comment elle y est arrivée. En plein face aux bandits qui eux aussi ont repris leurs esprits ! Elle leur explique qu'elle a la migraine que ce n'est pas drôle, et qu'il faut qu'ils arrêtent de l'embêter. Donc les bandits s'enfuient en courant.

- Je n'y crois pas !!!!!!!

(A suivre...)