Les tricoteuses de métal n°2

Les conseils d'un forgeron: Les armes de jet 1

Tous les guerriers, sauf ceux vraiment héroïques, apprécient la possibilité d'éliminer leur adversaire sans même voir la couleur de ses yeux. C'est nettement moins dangereux.

Et Ce n'est pas monsieur David, lâche assassin du puissant Goliath à coup de fronde qui me contredira. Lui, donc, n'avait qu'une simple fronde. Avant ceci, comme arme de jet, il y avait les cailloux lancés à la main. En jeu l'utilisation de vrais cailloux, ne serait pas vraiment appréciée. Pour ceux lancés à la main, préférez de gros blocs de polystyrène peint. C'est hyper léger, et vous pourrez faire fuir vos adversaires en leur lançant d'énormes rochers. Pour la fronde, utilisez des balles de ping-p.., Aïe, je voulais dire des balles de tennis de table (il y a des puristes dans la salle), et envoyez les au moyen d'une fronde telle que celle ci,

que vous ferez avec de la corde, et vous découperez la poche à balle dans du cuir (de vieux blouson, c'est là où on en trouve le plus facilement) ou dans du tissu si vous n'avez rien d'autre sous la main.

Entraînez vous longtemps avant le jeu, tirez sur un ami pour savoir si vous tirez trop fort où non, et lors du jeu, évitez surtout de viser la tête de face si elle est nue, préférez toujours les endroits protégés sur votre victime. Pour maîtriser cette arme, posez de petites cibles sur une table, et dégommez les, en reculant progressivement à chaque fois que vous trouvez une distance trop facile.

Comment se servir de la fronde, me direz vous? Et bien, faites un tour de lanière ou deux autour de vos majeur annulaire et auriculaire, puis tenez l'autre extrémité de la lanière entre pouce et index de la même main. Réglez la distance afin que la poche se trouve bien en bas de la boucle, placez une balle dedans, faites tournoyer au dessus de votre tête. Puis, quand vous avez assez d'élan, faites mine de lancer quelque chose vers la cible, en lâchant la partie de la fronde que vous teniez entre le pouce et l'index. Mais non ce n'est pas compliqué. Allez Thierry, tu verras, tu y arriveras à manier la fronde.

En dehors des cailloux, il y a les javelots, et autres javelines. Les javelots sont des versions allégées des lances et épieux, destinés à être passés aux adversaires (de préférence de manière à ce qu'ils ne soient pas réceptionnés correctement par ceux ci). Les pointes sont le plus acérées possible, souvent barbelées, et les hampes, longues d'au moins un mètre vingt, sont parfois munies d'un empennage pour stabiliser le projectile.

Ces javelines furent au départ lancées à la main. Puis voyant que plus le bras qui lançait la javeline était long, plus celle ci allait loin, le propulseur fut inventé.

Véritable rallonge de bras, ce simple bâton recourbé à un bout permettait de plus que doubler la portée de tir. J'en parle me direz vous, mais je n'en montre pas me direz vous, et bien soit, voilà

La javeline était posée sur la partie plate du manche, son extrémité empennée placée contre "l'encoche" du manche (souvent comme ici sculptée en tête d'animal). La hampe était tenue légèrement décollée du manche avant le départ du coup entre le pouce et l'index. Les autres doigts tenant le manche. La pointe dépassant la longueur du propulseur tant qu'on le désire.

Au départ du coup, un mouvement de bras et de poignet rapide propulsent la javeline, alors qu'index et pouce ont relâché la hampe dès le début du mouvement.

En Amérique du sud, chez les Aztèques, le propulseur était assez différent, la poignée comportait deux anneaux permettant de passer index et majeur de chaque côté du manche,

celui ci étant au repos sur le dos de la main. Il y a aussi, une saignée permettant le centrage de la flèche

sur le propulseur Le pouce permettant de tenir le propulseur à l'inclinaison souhaitée, au début du tir, en fonction de la distance de tir voulue. Ici, le pouce venant se placer à l'avant de l'arme, le trait sera forcément un peu plus court que le propulseur, afin de ne pas être poussé par le doigt du lanceur.

Vous pouvez fabriquer votre propulseur dans un manche à balais ou une tringle à rideau en bois que vous couperez et sculpterez en fonction de vos souhaits. Des motifs géométriques d'encoches, ou des bas reliefs de scènes de chasses ou de batailles, à vous de voir. Je parlerai de la sculpture sur bois une autre fois, mais sachez qu'un simple couteau bien affûté est totalement suffisant pour réaliser tout type de décoration. Pour la forme générale à donner au propulseur les dessins devraient, je pense, vous suffire. Sachez cependant, que fréquemment au niveau de "l'encoche", on pouvait trouver une pointe de bois dur, ou de métal, solidaire du propulseur, et sur laquelle venait se loger la javeline ou la flèche. L'extrémité de celle ci était creusée pour s'enfoncer sur cette pointe, et éviter un dérapage du trait qui aurait fait avorter le tir.

Après le propulseur, vint l'arc. Arme nettement plus complexe que son ancêtre, l'arc permettait enfin de tirer sans faire de geste brusque pouvant effrayer le gibier visé. L'énergie nécessaire au tir étant emmagasinée progressivement, pour être transmise d'un seul coup au trait qui part brusquement et sans avertir la cible.Plus on veut de puissance, plus on tire sur la corde, et plus on aura d'énergie fournie à la flèche.

L'arc exploite la robustesse et la souplesse naturelle des matériaux le constituant. Ainsi le bois si il est tordu reprendra naturellement sa forme indéfiniment, si l'on respecte une certaine limite. Ainsi, si l'on est trop gourmand en puissance de tir, les fibres extérieures du bois de l'arc se retrouveront disjointes. Résultat : Le bois sera cassé jusqu'à la moitié de l'épaisseur de l'arc.

Pour palier à ce problème, deux solutions: soit augmenter la taille de l'arc pour pouvoir y stocker plus d'énergie, soit remplacer la partie fragile par une matière supportant mieux l'étirement, comme des tendons de boeuf par exemple, on obtient ainsi l'Arc dit renforcé. La première solution donna le grand arc anglais,

la deuxième ouvre la voie au monde des arcs composites qui comporte des arcs ayant des puissances peu croyables,

et qui furent répandus dans tout le monde antique, et chez presque tous les peuples sortis du néolithique qui utilisaient encore l'arc de manière courante au siècle dernier. Ces armes étaient en effet d'une puissance se rapprochant des armes à feu, étaient silencieuses, et, à l'époque des armes à un seul coup, ils étaient aussi nettement plus rapides que ces dernières.

Mais tout à l'heure je parlais d'arcs renforcés, et maintenant d'arc composites. Quelle est la différence ? Et bien, il s'avère que l'arc renforcé à, comme l'arc simple, lui aussi ses limites. En effet, si le tendon de boeuf sur sa partie externe protège l'arc de la rupture de ce côté; vers l'intérieur, le bois se comprime. Si on le tend trop, le bois trop comprimé éclatera. Pour pallier à ceci, la partie la plus interne de l'arc est remplacée par de la corne, qui elle supporte très bien la compression,

le coeur de l'arc restant lui, en bois. On a donc maintenant un arc composite pouvant supporter les contraintes les plus extrêmes, mais comment obtenir encore plus de puissance ? Si au repos, l'arc est droit, aucun homme n'aura les bras assez longs pour le tendre à un point se rapprochant de sa limite de rupture, et l'on n'exploitera pas alors sa puissance maximale. Sans parler de la complexité liée aux flèches de grande taille nécessaires alors. La solution est donc d'avoir un arc ayant déjà une grande partie de sa puissance emmagasinée lorsque la corde est installée. L'arme sera donc au repos naturellement courbée dans le sens contraire à celui qu'elle aura une fois bandée, jusqu'à atteindre une forme de cercle au repos. L'arc composite est alors appelé "arc reflex".

Nous ne verrons pas ici les techniques permettant de réaliser ce type d'arc, sa puissance le rendant beaucoup trop dangereux pour nos jeux: Le record de distance obtenu avec ce type d'arme est de plus de 900 mètres. Mais une portée de 400 mètres est plus monnaie courante, pour un tir efficace à 200 mètres. A titre d'exemple, à l'armée, de nos jours, on apprend aussi à tirer à 200 mètres, mais avec un FAMAS !

De plus la puissance accumulée dans ces arcs est telle qu'au moment de les bander, la moindre erreur pourrait vous valoir des os cassés. Voyons donc plutôt comment avoir des arcs utilisables en GN:

Allez dans le magasin de jouets le plus proche, ou dans une archerie, et dites que vous voulez acheter un jouet pour votre petit neveu (cela évitera de faire passer une fois de plus les amateurs de GN pour de grands enfants). Ces arcs d'assez bonne qualité généralement ont l'avantage d'être de faible puissance, et sont fournis avec quelques flèches (à retoucher).

• Arc droit : Procurez vous dans votre magasin de bricolage une planche de frêne de 5 à 6 cm de large sur 1 mètre 70 de long. Coupez, limez, poncez la planche pour obtenir la forme suivante:

Pour avoir un tracé identique des deux branches, une fois que l'une est finie, décalquez sa forme, et reportez la sur l'autre branche.

Pour la poignée prenez un morceau de manche à balai en bois, faisant la largeur de votre paume plus quatre centimètres. Limez un des côtés pour obtenir un méplat se posant sur la partie centrale de l'arc, puis limez en biseau les bouts de l'autre coté de votre poignée pour obtenir ceci:

collez maintenant la poignée en place, adoucissez les angles restant pour avoir une prise en main confortable. La poignée sera du côté intérieur de l'arc.

Si il est en contre-plaqué, laissez le maintenant tremper toute une nuit dans votre baignoire. Au matin, coincez le avec des chaises, meubles, et tout ce que vous trouverez de manière à ce qu'il prenne une belle courbure, ou mieux, ligotez le sur une forme ayant la belle courbure nécessaire. Laissez sécher deux trois jours.

Collez maintenant, à la néoprène, du tapis de sol sur chaque face en le faisant dépasser un peu pour protéger vos adversaires de chocs éventuels. Mais laissez la poignée sans mousse pour mieux tirer les flèches. Recouvrez de ruban adhésif ou de tissu marron pour rendre un aspect bois.

Comme corde, choisissez une corde élastique ne jouant pas trop sur la souplesse des branches, le but étant d'avoir un jouet, pas une arme.

Arc reflex :

Achetez dans une archerie une corde d'arc assez courte. Maintenant, dans un magasin de modélisme, achetez deux cordes à piano (fil d'acier trempé) de 5 mm de diamètre, la longueur totale de corde à piano devant être bien plus grande que celle de la corde. Prenez un morceau de manche à balai de même taille que pour l'arc droit, percez le en son milieu dans le sens de la longueur. Faites le trou du même diamètre que la corde à piano.

Prenez ensuite une enclume et un marteau. (ou un étau). Et tordez les tiges métalliques pour donner à chacune la forme suivante:

Servez vous d'une branche comme modèle et repère quand vous vous occuperez de la seconde. Enfoncez maintenant les branches dans la poignée (après les avoir barbouillées de néoprène sans laisser sécher avant).

Comparez maintenant la taille de votre arc, à celle de la corde. Gardez une marge de quinze centimètres, et coupez le métal en trop. Recourbez ensuite les extrémités des branches afin de pouvoir coincer la corde. Recouvrez abondamment de ruban adhésif ces extrémités afin de protéger la corde du frottement du métal, et placez ensuite, tout au bout plusieurs couches de mousse pour protéger les humains de l'enfoncement du métal. Faites attention à cela ne soit pas trop large, pour que vous puissiez toujours y placer la corde.

Collez maintenant une couche de mousse sur la faces interne de l'arc, et deux sur la face externe, la deuxième couche étant moins large et n'allant pas jusqu'au bout des branches, en laissant la poignée libre, comme précédemment. Là aussi, recouvrez de tissu ou de ruban adhésif marron pour retrouver la couleur du bois. Il n'y a plus qu'a mettre la corde en place, et l'arc est fini.

C'est bien d'avoir un arc, mais il faut des flèches maintenant. Procurez vous dans un magasin de bricolage des tourillons de bois de 6mm de diamètre pour un mètre de long. Assurez vous au moment de l'achat qu'ils soient bien droits. Dans une archerie, procurez vous des empennages et des encoches en plastique.

Taillez en pointe un des côtés des flèches avec un taille crayon, collez y une encoche, puis collez deux à trois empennes par fut, le tout à la super glu.

De l'autre côté, scotchez de la mousse sur la "pointe", puis une rondelle de cuir ou de bois, avant de coller trois quatre rondelles de mousse par dessus. La flèche est terminée. Vérifiez en tirant de près dans un carton d'emballage que la flèche n'y laisse aucune trace. Au besoin rajouter de la mousse.

A suivre...

Bibliographie:
Gazette des armes n° 44 décembre 1976 ; L'arc d'Ulysse (Pierre Lorrain);
Osprey's Men at arms 239 Aztec, Mixtec and Zapotec Armies