Les tricoteuses de métal n°2

Les tricoteuses de métal: Les protections d'écailles

Les dragons étant franchement bien protégés, cela peut donner envie de les imiter, et d'avoir une armure souple et protectrice à la fois...

C'est sans doute plus probablement en observant les poissons et les reptiles que l'idée des armures d'écailles prit forme dans l'esprit d'un forgeron astucieux. De plus à l'époque, ce même forgeron était incapable de produire de grandes plaques de métal, mais juste des petits bouts. Donc c'était une bonne excuse pour faire joli, et très technique, tout en cachant ses lacunes évidentes.

A l'usage, on s'aperçut que non seulement cela était bien étanche aux coups et relativement souple (suivant la taille des écailles), mais aussi cela amortissait assez bien les chocs. En effet, pour un coup porté à un endroit, comme les écailles se recouvrent, l'effort de retenue de l'impact se répartit sur un grand nombre d'écailles adjacentes.

Seuls problèmes, si l'adversaire arrive d'un coup d'estoc bien incliné à passer sous des écailles mal jointes, ou si du fait de l'usure des liens des écailles certaines se détachent, l'armure devient inefficace. Pour pallier à ces défauts, on eut parfois recours au rivetage des plaques sur le cuir rembourré servant de support, ou à des laçages plus épais et plus complexes augmentant ainsi la résistance des attaches et l'étanchéité des plaques.

Chaque peuple développa ainsi des techniques différentes éloignant ainsi plus ou moins l'armure d'écailles de la peau de poisson, modèle original. Certains reléguèrent ce type d'armure à la piétaille, avant de l'abandonner complètement, alors que d'autres continuèrent de le développer et de l'employer dans les plus hautes sphères de la hiérarchie militaire jusqu'au XIXe siècle, voire le XXeme siècle dans des pays tels que le Japon et le Tibet. En effet, dans la seconde moitié des années 1940, alors que l'armée rouge de la République Populaire de Chine envahissait le Tibet, elle eut à faire face à des chevaliers en armure complète d'écailles, caparaçon du cheval compris, les seigneurs tibétains chargeant les nids de mitrailleuses, lance au poing.

Les premières armures d'écailles apparurent probablement au proche Orient, en Egypte et en Syrie avant de s'étendre plus tard à la Grèce puis à l'Empire Romain (qui en fit un usage limité dans ses régiments d'élite, et pour ses officiers, préférant la cote de maille, et les armures lamellées pour les troupes plus communes, car nettement plus économiques). La Chine développa peut être elle même ses propres armures d'écailles, à moins qu'elle ne les découvrit par l'intermédiaire de "barbares" venus de l'Ouest. Les Mongols profitèrent ensuite de cette technologie, avant que le Japon ne l'adopte à son tour, copiant ainsi son grand voisin. Toute l'Asie s'équipa progressivement de la sorte.

Si comme on l'a vu précédemment, l'Asie resta fidèle à ce type de protection, l'Europe, elle, en fit un usage plus succinct.

L'époque mérovingienne en fut l'âge d'or, mais elle déclina doucement à partir de l'an mille, pour faire place à des armures d'abord moins souples, puis rigides, constituées de plaques de plus en plus rivetées fixement .

Et suivant les besoins en souplesse ou en protection disparaissait au profit soit de la maille, ou des plates se développant de plus en plus. L'Europe centrale et le Proche Orient, souvent en conflit ensembles, eurent eux une évolution assez comparable. Si L'époque Romaine vit le développement d'une cavalerie lourde totalement

écaillée du cheval au cavalier, progressivement, plus tard, sans doute pour des problèmes d'endurance de la monture et du soldat, l'armure s'allégea. Premièrement, le cheval perdit ses protections, d'abord à l'arrière, puis à l'avant, pour ne conserver qu'un chanfrein sur la tête. Ensuite vint le tour du cavalier. Les bras, ainsi que les épaules, s'allégèrent en s'équipant de mailles. Seuls le torse et les jambes plus rigides à cheval gardèrent leur protections d'écailles. Le temps passant, le torse se recouvrit de quatre plaques de métal protégeant plus efficacement le cavalier. Quelques tubes d'écailles restèrent juste au niveau des bras et des jambes. Voyons maintenant différents types d'écailles, ainsi que leur mode de réalisation.

Premièrement, les "écailles de poisson" rivetées. L'écaille a une forme rectangulaire. Ce qui va être le bas de l'écaille est arrondi de manière à former un demi cercle, alors que la partie haute est percée d'un trou bien centré dans la largeur.

Par la suite, on rivette toutes les plaques sur un vêtement support résistant (type t-shirt), en les plaçant en lignes horizontales, et en commençant par le bas.

Chaque nouvelle ligne cachant les rivets de la précédente. Les lignes d'écailles peuvent être soit en quinconce, soit présenter des plaquettes alignées aussi verticalement. Tout dépend de l'aspect désiré, mais il faut savoir que des écailles en quinconce, répartissent l'absorption d'un impact sur une plus grande surface, réduisant ainsi sa force. Pour limiter le bruit produit par ce type de protection quand il est porté, il est possible de coller du cuir du coté intérieur des écailles. Pas forcément les doubler complètement, quelques petits morceaux judicieusement placés pouvant très bien faire l'affaire. Ici, plus vos écailles seront petites, plus souple sera l'armure, sans perte de protection. Mais plus longue à fabriquer et coûteuse elle sera. Quoiqu'il en soit, mesurez et repérez soigneusement tous vos emplacements de rivetage sur le vêtement support avant.

Ensuite, les "écailles de poisson" lacées : Même forme de base des écailles, mais là, il faut percer au moins deux trous. Un dans chaque coin du haut de l'écaille, et éventuellement, deux autres plus bas, là ou les écailles du rang supérieur recouvreront les trous des écailles du rang inférieur.

Là, il faudra coudre les écailles sur le vêtement support (type t-shirt) suivant le modèle ci après si vous n'avez percé que deux trous,

ou le modèle suivant si vous avez percé quatre trous.

Utilisez de la bonne corde si vous avez bien ébarbé les trous percés, ou un fil de fer, pour être plus tranquille. Cette méthode est moins coûteuse (car il est inutile d'acheter des rivets) mais un peu plus longue car les plaques sont plus complexes à fabriquer. Si vous fabriquez vos écailles à quatre trous, il faudra ouvrir le côté de votre t-shirt du bas jusqu'au bout de la manche pour pouvoir l'enfiler, la rigidité de l'ensemble vous empêcherait autrement de vous y insérer.

Maintenant, les écailles en tuile de toit: De forme carrées ou losangées, un ou trois des coins sont percés.

Si seul le coin supérieur est percé, on rivette chaque écaille séparément, suivant le même principe que pour les écailles de poisson, si trois coins sont percés, lacer les écailles selon le modèle suivant.

Utiliser du fil de fer pour éviter des réparations trop fréquentes. Pour des raisons évidentes de sécurité, bien arrondir les angles des écailles. Là aussi, la rigidité finale de l'ensemble impose d'avoir une ouverture latérale dans votre cuirasse, que vous pourrez sceller par des bandes velcro, des boutons, ou des lanières.

Il existe une infinité d'autres modèles d'écailles et de fixations de celles ci entre elles ou sur un support, mais ce serait vraiment trop long pour être un tant soit peu exhaustif. Demandez moi directement des précisions si vous avez quelque chose en tête, ou si un type de combattant à une époque donnée vous intéresse.

Finition de l'armure : Cousez ou collez en ourlet un galon de toile ou de cuir au niveau du col et des manches pour éviter de vous blesser.

Les écailles, me direz vous c'est très long à faire, surtout avec tous ces trous, et en plus il faut qu'elles soient identiques. Et bien, voici un petit truc qui pourrait vous être utile : fabriquez les par paquets. Fabriquez d'abord deux écailles, avec les trous et tout. Puis, découpez un bon paquet de plaques aux dimensions approximatives de vos écailles (Pas plus petites !!!). Faites une grosse pile de plaques avec, à chaque extrémité de la pile une de vos deux écailles déjà fabriquées. Coincez la pile dans un étau, et limez maintenant pour égaliser le tout. Vous obtiendrez "rapidement" une série d'écailles toutes de même dimensions. Scotchez maintenant le bloc d'écailles, bien fermement, pour que surtout aucune plaque ne bouge, et il ne reste plus qu'à percer bien perpendiculairement à la surface des plaques, pour vous retrouver avec un bon bloc de petites écailles toutes pareilles. Pour l'épaisseur du bloc d'écailles, mesurez la longueur de votre mèche de perceuse avant de commencer à percer, on a l'air moins bête comme ça.

Bibliographie et pour en savoir plus: Encyclopédie médiévale de Violet le Duc éditions inter livres; Le costume l'armure et les armes au temps de la chevalerie par Liliane et Fred Funcken éditions Casterman 1977; Osprey :Warrior Serie : 1 Norman Knight ;9 Late roman infantryman; 10 Saracen Faris; 15 late roman cavalryman Osprey Elite series : 23 Samurai; 35 Early samourai 200-1500 AD...