Les tricoteuses de métal n°0

Sorti le 16 août ce film à fait beaucoup rire dans les milieux GNistes , historiens ou lettrés; un peu moins chez ceux ayant payé leur places...

Après Y a t'il un pilote dans l'avion, Jerry Zucker, s'est attaqué à la légende de la table ronde, alors qu'elle ne lui avait rien fait.

Ceux qui pensaient retrouver la légende fidèlement retranscrite ont été franchement déçus. Pas la moindre trace de Graal; Merlin (A l'origine de Merlin, était la ville de Myrdinn, célèbre pour ses nombreux druides et prophètes. La légende a transformé la ville en homme, et déformé son nom.) ou d'Excalibur, pas plus que la Dame du lac. Toute intervention magique est absente. La chrétienté pure et dure d'Arthur dans ce film, à, comme dans la réalité, totalement masquée les racines profondément celtiques de la légende. Les cités de pierres certes très belles occultent le côté magique de la nature propre aux histoires celtes. La nature, n'a ici qu'un rôle de figuration, malgré les forêts grand bretonnes et la campagne galloise.

Les coups aux amoureux de la légende commencent dès le début du film, ou l'on voit un Lancelot saltimbanque en guenilles, au milieu de paysans tous armés d'épées certes belles, mais vue leur prix plutôt réservées à la noblesse. Le plus grand choc vient quand, à une question de Guenièvre, Lancelot déclare qu'il n'a pas d'honneur.

Les costumes manquent eux singulièrement de réalisme. Les combinaisons des Chevaliers ne sont pas sans rappeler celles d'une série télévisée de science fiction bien connue; on se surprend à chercher des oreilles pointues et des sourcils surélevés.

Les "pièces d'armures", elles, surprennent fortement. A quoi donc peut servir l'espèce de petit écu que portent les chevaliers sur leur épaule gauche, si ce n'est à diriger le fer des ennemis sur le bras en dessous ? Terry English, le fournisseur quasi exclusif du cinéma d'outre atlantique nous avait habitué à mieux.

Les casques ont visiblement été faits à la va vite, et de la manière la plus simple possible. C'est sans doute pour cela qu'on ne les voit que rarement et de loin Les cuirasses présentent elles, de seyantes épaulettes en cotte de mailles de boucher. Bref amis rolistes prenez des notes si vous cherchez des armures faciles à faire, sans vous soucier de leur aspect historique.

A propos d'aspect historique, la légende Arthurienne, attribuée à Chrétien de Troyes, est censée relater des événements du VIe siècle (Arthur serait mort en 537 à la bataille de Camlann et non pas assassiné à Camelot). A cette époque, les costumes militaires de Grande Bretagne étaient encore grandement influencés par ceux des romains partis 130 ans plus tôt, mais commençaient à avoir leurs caractéristiques propres; on trouvait des armures d'écailles, de mailles, et des casques à jugulaires où le nasal était déjà apparu. Le costumier du film n'a sans doute que par mégarde entendu vaguement parler des costumes médiévaux du XVe siècle. Car les "harnois" présentés, en sont visiblement inspirés très librement. Il y a entre ces costumes et l'époque un décalage chronologique, qui, si il était rapporté à un film sur Jeanne d'Arc, la montrerait en veste de treillis fantaisie et pantalon civil, sautant en parachute sur les cités angloises. Cependant ces armures peu réalistes constituent un record à elles seules. En effet, elles sont au nombre de cinq cents. Aucun film n'en avait présenté autant jusqu'à présent. Le temps alloué pour les réaliser explique sans doutes leur maigre qualité.

Mais tout de même il faut avouer que les images sont superbes; les décors citadins bien mis en valeur. Et le combat de nuit une merveille. Il commence par une ruse d'Arthur, et se déroule à la lueur de la lune. On peut y voir une magnifique charge de cavalerie (sans lances contrairement à l'inspiration vaguement XVe des costumes, et s'équipant entre les plans) très impressionnante, des mêlées indescriptibles où Lancelot se défend très bien. Les éclats lunaires sur les armures donnent des plans magnifiques. Et la vue de la cité de Camelot est rien moins qu'époustouflante. La machinerie dans la cour du château est amusante, avec ses armes en vrai latex, elle serait très bien dans une aire de jeu. Bref, la beauté des images rattrape de justesse le massacre général de la légende. Un film à voir dès qu'il passera à la télévision.